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Le rapport de force, pourquoi l’éviter ?

Par Valérie Roumanoff, hypnothérapeute

Dans le monde d’aujourd’hui, il est de plus en plus difficile d’être parent. On est tellement assailli de toutes sortes d’injonctions, de conseils, de recommandations, qu’il est facile de se perdre et de ne plus savoir quelles règles appliquer, ni de quelles manières. Les parents, quelles que soient leurs méthodes éducatives, sont tous confrontés à la désobéissance de leurs enfants. Il est alors tout à fait naturel d’établir avec eux un rapport de force : « c’est moi qui commande, car je suis l’adulte et si tu n’es pas d’accord, je vais employer tous les moyens nécessaires pour que tu fasses ce que je te dis ».

Qu’est-ce que le rapport de force ?

Cette façon d’être en relation avec l’autre est extrêmement répandue, pour ne pas dire omniprésente, dans nos vies. On peut établir un rapport de force avec notre conjoint, avec nos frères et soeurs, avec nos parents, dans notre milieu professionnel… sans même nous en apercevoir. Ce type de relation s’établit dès qu’une personne pense qu’elle a raison et que l’autre a tort (ce qui arrive souvent, n’est-ce pas ?). On tente alors de la faire revenir à la raison, c’est-à-dire de la ranger à notre point de vue (qui est le bon, bien évidemment).

Vous avez sans doute remarqué qu’il n’est jamais agréable de se rendre compte qu’on se trompe et encore moins quand c’est quelqu’un d’autre qui le pointe du doigt. Pas plus qu’il n’est agréable d’être obligé de faire quelque chose qui ne nous plaît pas parce que l’autre l’a décidé (et qu’il a plus de pouvoir que nous).

Les enfants, de ce point de vue-là, ne sont pas très différents de nous. Ils n’aiment pas se tromper, ils n’aiment pas qu’on les oblige à changer d’idée et ils ne voient pas du tout pourquoi ils devraient aller prendre leur bain maintenant, alors qu’ils sont tranquillement en train de jouer à quelque chose de passionnant !

Pour forcer l’enfant à faire ou à ne pas faire, on a tendance à élever la voix et à utiliser la menace, le chantage ou la punition. C’est-à-dire qu’on va essayer de lui faire peur pour qu’il cède.

Pourquoi sortir du rapport de force ?

Vouloir changer le point de vue de l’autre par force n’est jamais bénéfique pour la relation. En utilisant la peur comme levier d’action, on génère de l’autre côté un sentiment d’insécurité : « Si mon parent me fait peur, qui pourra me protéger du monde ? Vers qui me tourner en cas de difficulté ? ».

Le principe de la domination engendre un sentiment d’impuissance chez l’enfant et un manque de confiance en lui : « Je n’ai aucun pouvoir d’action donc je suis (un) incapable ». Ce sentiment d’impuissance s’installe à chaque fois que l’enfant cède. Car, dans un rapport de force, il n’y a que deux choix : ou le parent cède ou l’enfant cède. Dans un cas comme dans l’autre, cela provoque du ressentiment et un désir de vengeance. Pas très cool, n’est-ce pas ?

Comment sortir du rapport de force ?

L’idée est d’abord de prendre conscience de toutes les fois où vous essayez de contraindre votre enfant. Il ne s’agit pas bien sûr de lui laisser faire n’importe quoi. Mais plutôt de l’amener à collaborer avec vous comme vous le feriez avec un de vos amis ou un de vos collègues de travail avec lequel vous vous entendez bien. Plus votre relation sera basée sur la confiance mutuelle, et moins il y aura de conflits et de difficultés. Bien sûr, vous savez plus de choses que lui sur beaucoup de sujets. Bien sûr, vous êtes là pour lui indiquer le chemin. Et plus vous le ferez d’une manière respectueuse de son point de vue d’enfant, plus il sera d’accord avec ce que vous lui proposerez.

En cas de désaccord, par exemple, vous voulez qu’il s’habille pour aller à l’école et lui ne veut pas, vous pouvez témoigner votre prise en compte de son point de vue en disant : « J’aimerais tellement qu’il soit possible de rester à la maison, ce matin ! » ou « J’aimerais tellement qu’il soit possible d’aller en pyjama à l’école ». De cette façon, l’enfant va comprendre que vous n’êtes pas « contre lui », mais que vous comprenez comme c’est dur de s’habiller le matin quand on a encore sommeil et il fera beaucoup plus volontiers ce que vous lui demandez. Vous passez du statut d’ennemi à celui d’ami, en une seule phrase. Vous pouvez ajouter, pour mettre toutes les chances de votre côté : « As-tu besoin d’aide ou peux-tu le faire tout seul ? ».

C’est une gymnastique de langage et une attitude face à l’autre qu’il n’est pas évident de mettre en place en une seule fois. Plus vous la pratiquerez et plus les choses vont s’apaiser. Et ensuite, vous aurez peut-être envie de l’appliquer aussi aux autres domaines de votre vie pour vous sentir plus serein au quotidien.