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Gérer ses émotions de parents

Nous dévorons pléthore de documentation pour gérer les émotions des enfants, pour qu’ils soient écoutés au mieux. Pourtant, lorsqu’il s’agit des parents, de comment ils doivent gérer les émotions, leurs doutes, leurs déceptions, leur impuissance, leurs peurs, leurs excès, leurs culpabilités, il y a peu d’aide hormis des conseils moralisateurs « il faut, vous devez ». Alors comment prendre soin de soi et de ses ressentis ?

Prendre conscience de la réalité de parent

Pour commencer, il est important de connaître la réalité de nos émotions, c’est-à-dire, l’ambivalence (l’amour et la colère) qui nous constitue tous, comme adulte ou comme parent, contrairement à ce que l’on peut véhiculer dans l’éducation bienveillante, qui prône uniquement le positif. Certes, il est important de faire au mieux pour nos enfants et de leur parler avec respect, mais cela n’empêche qu’intérieurement, nos sentiments sont bien plus complexes que cela. C’est un sujet très souvent tabou car il n’est pas évident d’exprimer nos difficultés et nos émotions négatives surtout quand il s’agit de la chair de notre chair. Pourtant, quand les parents parlent de leur réalité, sans détour, il y a souvent de la souffrance quand ils ont l’impression qu’ils sont les seuls à vivre ce qu’ils vivent. Or, il est nécessaire que la parole soit vraie et qu’elle se libère pour s’entraider et s’écouter sans jugement, entre amis et parents. « II y a vraiment des jours où je n’en peux plus » « J’ai l’impression que mon bébé est laid » « Il y a des jours où je regrette d’avoir fait 3 enfants, même si dans la minute qui suit bien sûr, je le regrette et je culpabilise tellement »

Accueillir ses ambivalences

Savoir que, quoi qu’il se passe en nous, de nos émotions les plus fortes ou les plus douces, nous aurons toujours des émotions ambivalentes, exprimées ou gardées secrètes. Pourvoir accueillir ces différentes parts, les accueillir avec bienveillance en se répétant que c’est tout à fait normal et que face au manque de sommeil pendant des mois, face aux crises, aux disputes incessantes dans la fratrie, aux crises de nerfs dans la rue, nos émotions soient exacerbées et les mots dépassent parfois notre pensée. Pouvoir se dire des mots doux, de notre choix, et quotidiennement est nécessaire. « Je fais ce que je peux et même si je ne suis pas parfaite, je donnerai tout pour mon enfant » « J’ai déjà vécu tant d’épreuves, c’est vrai qu’au début je ne m’en sortais pas mais j’ai bien rattrapé mon retard ».

Pouvoir échanger avec des parents qui sont au clair sur leurs émotions

Pouvoir échanger avec d’autres parents qui ont déjà vécu la même chose est une clef pour se sentir mieux, mais il faut pouvoir choisir des parents qui ne sont pas dans le jugement, c’est-à-dire des parents avec lesquels on se sent à l’aise pour tout dire, quand nous n’en n’avons pas dans notre entourage, ou parce que parfois c’est trop difficile de se dévoiler. Il est possible de trouver un groupe de parents dédiés ou encore un professionnel.  Quand on écoute une personne qui a les mêmes émotions, les mêmes tabous, les mêmes difficultés, alors nos propres émotions se libèrent et s’adoucissent. « Je pensais que j’étais la seule à croire que je n’arrivais pas à gérer »

Marquer des pauses autant que nécessaire

La plupart du temps, quand les émotions débordent, c’est parce que nous sommes déconnectés de notre corps et de notre rythme naturel : le sommeil nous manque, nous posons des règles à nos enfants par convenance alors que nous n’y croyons pas toujours, nous voulons suivre les règles de nos propres parents, nous nous sentons piégés par les modes de fonctionnement de la société, en un mot nous agissons parfois en automatique et cela finit par nous causer un stress élevé. Pouvoir marquer une pause, ne serait-ce qu’une ou deux minutes, respirer, écouter une belle musique, aller dans sa chambre pour souffler, sortir faire un tour, appeler un ami, qu’importe du moment que nous pouvons nous connecter à nos ressources.

Par Florence Millot, psychologue spécialisée – thérapie brève enfant/adolescent – guidance parentale et psycho-pédagogie