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L’art d’accueillir son enfant comme il est

Accueillir son enfant comme il est, peu importe ses particularités ou ses différences, une part de nous le voulons, parce qu’il est notre enfant, la chair de notre chair. Mais parfois, une autre part de nous est agacée parce que nous ne comprenons pas son fonctionnement, son intelligence, sa manière de réagir ou de sur-réagir, malgré le temps, l’écoute, et l’amour que nous lui donnons. Alors, comment apprendre à gérer nos émotions fortes dans les moments où nous nous sentons perdu dans l’éducation de nos enfants ?

Apprendre à faire le tri dans ses émotions

Ce qui est le plus difficile, quand on est parent, c’est d’aimer son enfant et à la fois de s’en détacher, c’est-à-dire vouloir le protéger de tout et le laisser vivre sa vie, avec ses représentations du monde, ses erreurs et ses échecs. Quand notre enfant ne réussit pas quelque chose, c’est comme si nous vivions cette difficulté avec lui. Nous sommes, en fonction des situations, dans une sur-empathie. Et cela nous rend à la fois très à l’écoute et parfois très en colère, quand on n’y arrive pas. Nous passons ainsi d’une émotion à une autre. Pouvoir se dire intérieurement que notre rôle est limité est une clef précieuse pour s’apaiser intérieurement. « Quoi que je fasse, ou quoi que je donne à mon enfant pour l’aider à s’épanouir, il peut aussi faire ses propres choix, il vit sa propre vie. Mon enfant n’est pas moi, il n’est pas le prolongement de moi, il a sa propre destinée, ses propres cadeaux de la vie ». Peu importe les mots que nous trouvons, du moment que nous pouvons trouver une image mentale qui nous différencie de notre enfant pour l’accompagner sur son propre chemin et non celui que l’on voudrait qu’il soit.

Pourvoir l’observer avec ses propres repères

Quand on éduque un enfant, on a parfois envie de lire des livres, de regarder sur internet pour avoir des conseils, de comparer son enfant à ceux que l’on observe au parc, dans l’entourage ou à la sortie de l’école. C’est tout à fait naturel. Il est souvent difficile de savoir si son enfant va bien, s’il se développe bien et si nous devons faire quelque chose pour lui. Regarder les autres est parfois utile, mais quand son enfant présente quelques différences (dans son intelligence, sa sensibilité, sa taille, son poids ou qu’importe), il est important de pouvoir se détacher des repères courants et faire fonctionner son intuition. La seule question à se poser étant : est-ce que mon enfant est heureux comme il est ? Est-ce que cela lui convient ou alors est ce qu’il a besoin de mon soutien ?

Découvrir avec son enfant ce qui est bon pour lui

Lui poser des questions est un bon début pour entamer le lien de confiance. Ensuite, vous pouvez créer le chemin ensemble, pas à pas, en faisant des essais et des erreurs. Par exemple, en disant à votre enfant : « je vois que de cette manière, on n’y arrive pas du tout tous les deux, ça bloque. Tout le monde s’énerve et cela ne donne rien de bon. Et si on recommençait à zéro ? Je ne sais pas toujours ce qui est le mieux, mais on va le chercher ensemble ». Sur un exercice d’histoire par exemple, lui dire « Je vois bien que tu as beaucoup de mal à apprendre par cœur. Même quand on travaille dur, avec le stress tu oublies tout le jour du contrôle. La dernière fois j’ai crié parce que j’étais déçue et je m’en excuse. Mais si on essayait de faire autrement ? Peut-être que tu as besoin de dessiner ta leçon au lieu de l’écrire, peut être que tu as besoin de jouer à la maîtresse et d’expliquer ta leçon avec tes propres mots ? Est-ce que tu veux qu’on invente un quiz, ce sera plus amusant ? »

Lui exprimer que l’on sera toujours de son coté

Chaque enfant se sent toujours différent : plus petit, moins fort, plus lent, plus timide…. Ils ont besoin que l’adulte leur rappelle qu’ils sont précieux peu importe leurs différences. Bien sûr, ils savent qu’ils sont aimés mais pouvoir le dire, ce qui n’est pas toujours évident, est important pour aider les enfants à dépasser leurs peurs de la différence. D’autant qu’avec la fatigue, sans nous en rendre compte, les mots dépassent parfois notre pensée. « Avec tout ce que j’ai fait pour toi, tu pourrais faire un effort ! » « Mais qu’est-ce que j’ai fait pour avoir un enfant pareil ? ».  Pouvoir dire à son enfant « Quoi qu’il arrive, même s’il y a des jours où l’on se dispute, tu sais que je serai toujours de ton coté. Tu es un enfant courageux et formidable et même si je ne te le dis pas tous les jours, je suis fière de toi et j’ai confiance en toi, peu importe le chemin que tu prends » est le plus important pour construire avec lui une relation de confiance.

Par Florence Millot, psychologue spécialisée – thérapie brève enfant/adolescent – guidance parentale et psycho-pédagogie