Mieux comprendre les troubles « DYS»
Plus de 7 millions de français sont diagnostiqués « dys ». Ces troubles sont prédominants chez les garçons et la dyslexie y est la plus fréquemment représentée, suivie par la dyscalculie, la dyspraxie et la dysphasie. Vous avez des doutes concernant vos enfants et vous vous demandez s’ils pourraient être concernés ? Regardons ensemble de plus près ces troubles.
Qu’entendons-nous par les troubles « DYS» ?
Tout d’abord, une difficulté d’apprentissage est à différencier d’un trouble « dys », trouble spécifique et durable des apprentissages. En effet, 15 à 20 % des élèves sont confrontés à des difficultés scolaires qui finiront par s’estomper avec le temps, des cours particuliers ou encore avec une méthode éducative différente.
En revanche un trouble « dys » est un trouble spécifique des apprentissages qui est présent à vie. Il fait suite à un dysfonctionnement neurologique : une fonction cognitive tels que le langage ou encore la lecture s’est trouvée altérée.
L’enfant pourra compenser son trouble, c’est à dire qu’il arrivera à réduire le coût cognitif (la fatigue, la lenteur) lié à l’exécution de certaines tâches. Il conservera toujours néanmoins une fragilité dans ce domaine qui sera majorée dans un contexte de stress, de fatigue ou lors de la réalisation de tâches en simultané.
Des difficultés psychologiques et comportementales sont fréquemment associées aux troubles des apprentissages. L’anxiété de la performance, le manque de confiance en soi…sont autant d’éléments sur lesquels l’environnement de l’enfant devra rester vigilant afin de garantir son bien-être.
L’importance de la détection des troubles des apprentissages et de leurs prises en charge
Il y a encore une vingtaine d’années, le dépistage et la prise en charge des troubles dys étaient faibles. Aujourd’hui c’est souvent l’enseignant qui va sonner l’alerte, en remarquant un élève en décalage par rapport à ses camarades.
Des bilans pluridisciplinaires sont ensuite proposés à l’enfant: bilan orthophonique pour évaluer le langage oral, écrit et les compétences en cognition mathématique ; bilan psychomoteur pour déterminer les capacités motrices et psychologiques ; bilan neuropsychologique pour mesurer le quotient intellectuel et les capacités attentionnelles.
Selon les résultats de ces tests, une ou plusieurs prises en charge avec ces différents professionnels de santé pourront être mises en place. Les suivis se réalisent généralement sur plusieurs années scolaires, s’arrêtant au moment où l’enfant a suffisamment compensé ses difficultés pour se sentir à l’aise dans ses apprentissages. Durant cette période, l’enfant apprendra à développer de nouveaux reflexes et à s’appuyer sur des outils pour limiter les conséquences négatives. À titre d’exemple, l’utilisation d’un ordinateur à l’école facilite le quotidien d’un grand nombre d’élèves « dys ».
La dyslexie et la dysorthographie
Il s’agit sans doute des troubles « dys » les plus connus et les mieux explorés. Ils se caractérisent par un trouble de l’identification des mots écrits.
En cas de dyslexie, l’enfant souffre d’une lenteur en lecture, fait des erreurs récurrentes et spécifiques sur certaines lettres, omet des mots… Il est également en difficulté pour lire de nouveaux écrits.
La dysorthographie concerne l’expression écrite : l’enfant a du mal à transcrire les mots. Les erreurs peuvent porter sur l’orthographe des mots avec des inversions, des omissions de lettres mais aussi plus globalement sur la grammaire et la conjugaison.
La dyscalculie
Il s’agit d’un trouble spécifique des apprentissages touchant la cognition mathématique. L’enfant va montrer des difficultés à évaluer des petites quantités, à dénombrer, à mémoriser des tables d’addition et de multiplication, à réaliser des calculs arithmétiques simples. À l’âge adulte, ces difficultés peuvent se traduire par des complexités à évaluer un poids, une distance, monter un meuble, s’orienter, s’organiser, comprendre le prix des produits soldés…
La dyspraxie
Il s’agit d’un trouble développemental de la coordination entraînant des maladresses et des obstacles dans la vie quotidienne. Faire ses lacets, monter des marches, manger… peuvent s’avérer être des actions complexes. La dyspraxie comprend aussi des difficultés d’élocution et des problèmes pour se repérer dans l’espace. Au cours de la scolarité, cela peut se traduire par des difficultés en géométrie, en mathématiques pour poser des additions, des soustractions….Ce trouble se détecte par l’absence d’amélioration sur une même tâche pendant au moins 6 mois.
La dysphasie
C’est un trouble durable de l’apprentissage et du développement du langage oral. Elle se traduit par un déficit limité uniquement au domaine langagier. Il s’agit principalement d’un manque de vocabulaire et de difficultés de compréhension et d’expression.
Les troubles « dys » sont la conséquence d’un fonctionnement atypique du cerveau qui certes entraîne des difficultés, mais avec le bon accompagnement l’enfant apprendra à les compenser. Ces jeunes connaissent aussi une grande richesse : ils ont la capacité de vivre et voir les choses différemment. Les dyslexiques par exemple utiliseraient préférentiellement leur hémisphère droit, celui dédié à la créativité. Ce sont des personnes créatives, rêveuses, atypiques et brillantes si les tâches demandées laissent libre cours à ce potentiel de création. On parle d’ailleurs du « don de la dyslexie ». À méditer !
Article écrit en Octobre 2020 par Sandrine Mercier, Orthophoniste