< Retour aux actualités

On ne se comprend plus : il ne me raconte plus rien !

En grandissant, les enfants ont tendance à garder ce qu’ils vivent pour eux. Ils font de nouvelles expériences, entre amis, qui ne correspondent pas toujours aux valeurs où à l’éducation parentale, ils ont l’impression qu’ils ne pourront pas être compris alors ils préfèrent se taire pour ne pas être grondés. Bien sûr, c’est tout à faire normal, mais à vivre de l’autre côté que celui des parents, ce n’est pas toujours agréable d’une part et cela peut susciter quelques inquiétudes d’autre part, ne sachant plus ce qu’il se passe dans la vie de l’enfant. Alors comment ouvrir la communication ?

Il est important pour l’enfant de cultiver son jardin secret

Même si le rêve de certains parents est d’être une petite souris pour savoir comment cela se passe à l’école, avec les camarades, pour savoir si tous se passe bien, il est aussi nécessaire que les enfants se construisent avec les autres et gardent leurs expériences pour eux. Moins parler avec son parent n’est pas forcement négatif. Simplement, cela montre que l’enfant forge sa personnalité et son monde intérieur et puis, souvent, ce n’est qu’une passade. En revanche, quand vous observez que votre enfant ne vous parle plus et que, de manière générale, il se renferme, qu’il se braque, qu’il passe tout son temps dans sa chambre, ou qu’il se désintéresse de plus en plus de chose « Je m’en fous ! De toute façon tu ne peux pas comprendre ! » « De toute façon, personne ne m’aime dans cette maison ! » : en un mot, si vous sentez un changement de comportement, alors c’est le moment de tendre l’oreille.

Dépasser le sentiment de rejet

Il n’est pas toujours évident d’ouvrir la communication quand on a l’impression d’avoir un mur en face de soi. Cette impression de tant donner, malgré la fatigue du quotidien, et s’entendre dire que de toute façon on ne comprend rien ou qu’on ne sert à rien ! En fonction de notre vécu et notre histoire personnelle, cela peut réactiver une blessure qui nous renferme à notre tour. « De toute façon, il reviendra quand il sera calmé », « Puisqu’il se prend pour un adulte, il n’a qu’à se débrouiller tout seul ! ». Dites-vous, qu’à ce moment-là, la souffrance que vous ressentez est à la mesure de que ce votre enfant ressent, c’est-à-dire que plus il se manifeste par les cris ou l’agressivité ou encore le mutisme, plus il se sent vulnérable à l’intérieur. Même si cela ne se voit pas de l’extérieur, se le répéter peut nous aider à nous apaiser nous même pour se mettre dans une posture d’écoute en dépassant les apparences et notre propre sentiment de rejet.

S’intéresser à ce que vit votre enfant

Une fois que vous êtes au clair avec vous-même, vous êtes paré pour écouter ce que votre enfant a à vous dire et aller au-delà de son agressivité apparente pour découvrir son message caché. Par exemple, vous pouvez dire quelque chose du type : « Oui je vois bien que tu as l’impression que personne ne te comprend, tu es énervé et as envie qu’on te laisse tranquille. Aucun problème, prends le temps dont tu as besoin et tu n’es pas obligé de tout nous raconter. Mais je voudrais simplement te dire que je sens bien que quelque chose a changé. Tu es important pour nous et je ne peux pas faire semblant. Je sais que parfois je crie et qu’on ne se comprend pas, mais j’ai envie d’essayer. Tu es mon enfant et je serai toujours là pour toi, peu importe que tu sois en colère contre nous ou pas »

Des mots simples mais qui montrent que quoi qu’il arrive, quoi qu’il fasse ou quoi qu’il dise, vous serez toujours du côté de votre enfant.

Organiser des moments conviviaux en duo

Il n’est pas toujours évidemment de parler avec la routine du quotidien entre le ménage, les devoirs et la cuisine ou encore la fratrie qui a toujours une oreille derrière la porte. Parler de ce que l’on ressent, surtout quand cela ne va pas, est un acte courageux. Il faut donc que toutes les bonnes conditions soient réunies.  Or, pour faciliter l’échange dans un climat de sécurité, rien de tel que faire une sortie à deux lors d’une balade ou un moment privilégié. Pouvoir parler de tout et de rien, passer un moment agréable, se détendre et, au détour de cette conversation, aller de plus en plus en profondeur et laisser l’enfant s’ouvrir à nous, mine de rien parce que nous l’avons dit auparavant : il sait qu’on sait qu’il vit quelque chose de douloureux en ce moment.

Par Florence Millot, psychologue spécialisée - thérapie brève enfant/adolescent - guidance parentale et psycho-pédagogie